Théatre

Dimanche, au Théâtre régional de Béjaïa, la séduction était à son comble dans une salle archicomble. C'était une première depuis le départ de Mohamed Fellag de la direction du TRB. Le monologue, intitulé Yederwech meskine ! (il est devenu dingue, le pauvre !) est atypique. Un one man show dont l'auteur (et en même temps le très talentueux interprète qui est une véritable révélation au public) est Mouhoub Latrèche, l'un des comédiens permanents du Théâtre régional de Béjaïa que dirige le metteur en scène Omar Fetmouche. La quarantaine, Mouhoub Latrèche ne manque pas de prestance et “adhère” aux planches avec cette assurance et cette aisance dans l'expression totale que seuls possèdent les grands. Assurément et loin de toute exagération, tant il est rare que des acteurs quittent la scène et le public sur un long, très long “standing ovation” comme ce fut le cas pour Mouhoub Latrèche au terme d'une sublime prestation d'un peu plus d'une heure. Un spectacle toute détente et remarquablement générateur d'une hilarité collective à répétition. Mouhoub, en effet, faisait aisément mouche à chacune de ses “envolées” comiques et autres réparties. Assisté, également avec un talent indéniable dans “le déballage de sa folie”, par deux autres comédiens chargés de l'instrumentalisation (bruitage, etc.) et faisant aussi office de population, Mouhoub Latrèche aura donc admirablement su adapter ou en tout cas, s'en inspirer largement cette pièce de l'écrivain et dramaturge russe Gogol (1809-1852) intitulée Le journal d'un fou.
Yederwech meskine ! consiste en une succession de saynètes, de situations où fréquemment (et forcément !) cohabitent dans une dialectique désopilante à forts relents satyriques l'absurde et le saugrenu. Normal ?! C'est l'histoire d'un ouvrier excédé, saturé et débordant de déboires et de frustrations stratifiées, fossilisées et qui finit par sombrer dans le délire fantasmatique.
Pour l'instant interprétée en kabyle, cette pièce devrait impérativement être traduite en arabe dialectal, tant elle recèle incontestablement ainsi qu'en son “géniteur” un succès avéré.